La Nonne sanglante de Gounod

Dans une Bohême médiévale agitée par des conflits héréditaires, Rodolphe brave son père et défie ses ancêtres par amour pour la fille du clan rival, offerte en gage de paix à son propre frère. Inspiré du Moine de Lewis, roman gothique furieusement à la mode dans la génération romantique, le livret de La Nonne sanglante est d’Eugène Scribe et Germain Delavigne. L’opéra rencontre un maigre succès, avec onze représentations seulement dans les deux mois qui suivent sa création à Paris en 1854. Nestor Roqueplan, alors directeur de l’Opéra de Paris, est limogé suite à cette défaite, et son remplaçant, François-Louis Crosnier, fait immédiatement cesser les représentations de l’opéra qu’il considère comme une « ordure ».

À l’Opéra-Comique, La Nonne sanglante reprend vie grâce à trois grands passionnés de tourments romantiques : Laurence Equilbey à la tête de son Insula Orchestra et du Choeur Accentus, David Bobée à la mise en scène et en images, et Michael Spyres, très convaincant dans le rôle de Rodolphe. Le spectacle met en valeur la couleur moyenâgeuse du livret, sans toutefois paraître suranné : le peuple de guerriers fatigués et de femmes sauvageonnes rappelle notamment celui de Game of Thrones ou du Seigneur des Anneaux, familiers du spectateur d’aujourd’hui. Un monde en noir et blanc, que seul vient entâcher le sang inondant la robe de la Nonne...