Le compositeur ou le chef d'orchestre : le dilemme de Gustav Mahler
Écarté par les antisémites au début du vingtième siècle, Gustav Mahler s’exile aux Etats-Unis entre 1906 et 1910 où il entreprend une série de concerts. Si de son vivant il a été honoré comme chef d’orchestre, il n’a connu qu’un succès relatif comme compositeur. Pourtant, ses symphonies ou ses Lieder avec orchestre révolutionnent les genres et s’ancrent dans une sensibilité post-Romantique. Exigeant à l’extrême, cet écorché vif fait entrer le drame wagnérien dans la symphonie et donne des « œuvres-monde » où les marches funèbres, les longs adagios et la souffrance sont omniprésents.
Doté d’une intelligence aigue, Gustav Mahler a livré une musique imprégnée de résignation, de littérature, de philosophie ou de contemplation de la nature. Souvent immenses en durée, ses symphonies sont de vastes méditations sur la mort, la résurrection ou l’enfance. Son œuvre a parfois choqué le public par son aspect grotesque qui s’amuse du sublime et du sarcastique. Exténué par ses années aux Etats-Unis, Mahler meurt après ses 51 ans, de retour à Vienne, sans avoir eu le temps d’enseigner. Bruno Walter et Arnold Schoenberg restent les admirateurs directs de ce dernier Romantique.