Pablo González dirige Mahler : Symphonie des Mille

Créée à Munich le 12 septembre 1910, la Symphonie n°8 en mi bémol majeur, « des Mille » est une œuvre monumentale du compositeur autrichien Gustav Mahler. Cette appellation « des Mille » est hyperbolique. Toutefois, le nombre d'interprètes nécessaires à l'exécution de cette œuvre est véritablement impressionnant : huit chanteurs solistes, pas moins de trois chœurs (un d'enfants et deux d'adultes), un grand orchestre comprenant, entre autres, vingt-quatre cuivres (dont sept répartis dans la salle), de nombreuses percussions, un piano, un orgue, un harmonium...

Ce gigantisme est exceptionnel, bien qu'il s'inscrive dans l'évolution des pratiques orchestrales au 19e siècle. Beethoven avait dès 1824 avec l'« Ode à la joie » ouvert la voie à l'utilisation des chœurs au sein d'une œuvre symphonique. Mahler lui-même expérimenta cette formation particulière avec sa Deuxième et sa Troisième Symphonie. Mais les dimensions atteintes ici par l'orchestre sont tout simplement extraordinaires, et elles obligent le compositeur à structurer cette œuvre selon une architecture particulière, hors norme elle aussi.

Divisée en deux parties, la Symphonie des Mille s'appuie en effet sur deux œuvres littéraires. La première est le « Veni, Creator Spiritus », un hymne latin du 9e siècle ; le second est un extrait de la scène finale du Faust de Goethe. Cette rencontre du sacré et du profane participe de cette visée totalisante dont témoignent le gigantisme de l'orchestre et les dimensions de cette symphonie. Cette rencontre se justifie aussi par les points communs qui unissent ces deux textes, et notamment cette croyance commune en une rédemption rendue possible par le pouvoir de l'amour.

La Symphonie des Mille, œuvre monumentale pleine d'un ethos post-Romantique, est ici dirigée par le chef d'orchestre espagnol Pablo González à la tête de l'Orquestra Simfònica de Barcelona i Nacional de Catalunya – dont il est le directeur musical. Des interprètes de haut vol, dont Claudia Barainsky ou encore Nadine Weissmann, tiennent les pupitres solistes aux côtés des nombreux chœurs invités pour l'occasion. L'Orquestra Simfònica de l'Esmuc, formé d'étudiants au conservatoire, vient grossir les rangs de l'OBC, qui fête cette année son 70e anniversaire.

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Photo : © D. Vass