Lars Vogt, Christian et Tanja Tetzlaff : trios avec piano

Antonín Dvorák – Troisième trio pour piano, violon et violoncelle en fa mineur opus 65

Composé au début de l'année 1883 peu de temps après la mort de sa mère, le Trio en fa mineur opus 65 de Dvorák est l'une de ses œuvres de musique de chambre où l'influence de Brahms est la plus manifeste, particulièrement le Quintette pour piano opus 34 dont le trio conserve la sombre tonalité de fa mineur, et le Deuxième Trio opus 87 que Dvorák venait de découvrir. Dense, dramatique, la partition revêt souvent une dimension symphonique, notamment dans l'ample premier mouvement en forme sonate. Le Scherzo joue quant à lui sur l'opposition entre l'ostinato rythmique ternaire des cordes et un motif binaire de danse bohémienne au piano. Le mouvement lent, noté Poco Adagio, prend la forme d'une méditation calme et solennelle, où l'écriture contrapuntique se fait plus serrée, avec notamment de nombreux échanges en canons entre les trois instruments. Apparemment plus enjoué, le Rondo final conserve cependant un arrière-plan menaçant, qui se manifeste dans une ambiguïté rythmique très prononcée.

Johannes Brahms – Deuxième trio en ut majeur opus 87

Comme souvent chez Brahms, la gestation de son Deuxième trio en ut majeur fut lente et difficile. Deux années séparent ainsi la rédaction du viril et beethovénien Allegro initial des trois mouvements suivants, achevés en juin 1882. Celui-là fait preuve d'une richesse thématique exceptionnelle dans la présentation de ses nombreux motifs. Le thème de caractère populaire de l'Andante con moto sert de base à une série de cinq variations, avant que ne s'élance un Scherzo sinistre et fantomatique en ut mineur. La robustesse du Final associant les formes sonate et rondo rappelle le premier mouvement dans la franchise de sa carrure et son caractère parfois bourru.

© Auditorium du Louvre

© Photo : Patrick Berger