Concert

Charles Munch dirige Haydn et Bruckner

Boston Symphony Orchestra, 1958-1961

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Casting

Programme

Haydn est un compositeur qui correspond bien au tempérament chaleureux et turbulent de Munch, et cette interprétation télévisée diffusée dans le cadre de la « Série Cambridge » de l'Orchestre symphonique de Boston au Sanders Theatre de l'Université de Harvard est un régal. Munch utilise un effectif réduit, mais il reste fidèle à lui-même et lui insuffle tout autant d'énergie que d'habitude. Le doux et tendre rubato qu'il apporte au mouvement lent, hommage de Haydn à Mozart, est ravissant, et l'élan et le brio des pages plus rapides semblent parfaitement adéquats. Il y a des moments où l'on dirait que Munch laisse la musique bouillonner en lui et parcourir ses veines ; il ne lutte jamais pour l'empêcher de déborder de son lit.

Plusieurs musiciens d'orchestre légendaires dans leur profession sont mis en valeur à l'écran dans de remarquables solos. Dans le Finale, nous entendons le jeu agile et spirituel de Richard Burgin, alors près du terme des quarante années où il fut premier violon et chef adjoint de l'Orchestre symphonique de Boston ; il avait été engagé par le directeur musical Pierre Monteux en 1920. Quatre instrumentistes plus jeunes allaient continuer de contribuer à la personnalité et à l'identité sonore de l'orchestre pendant des décennies : la flûtiste Doriot Anthony Dwyer, le hautboïste Ralph Gomberg, le bassoniste Sherman Walt et le timabier Vic Firth. Tous les quatre jouèrent longtemps encore pendant les longues années où Seiji Ozawa dirigea la phalange, et Everett (« Vic ») Firth, dont la carrière au sein de l'Orchestre symphonique de Boston s'étala sur cinquante ans, joua même pour James Levine. La caméra ne résiste pas au charme de Firth, qui rappelle un peu Cary Grant.

La Symphonie n°7 de Bruckner est aussi inattendue du point de vue de son interprétation que du choix de répertoire qu'elle constitue, parfois parce que Munch suit les directives du compositeur, et parfois parce qu'il n'en tient aucun compte. La caméra est naturellement fascinée par les tubas Wagner insolites, mais Munch ne semble pas interéssé par les sonorités pâteuses et marronnasses du Bruckner traditionnel ; au lieu de quoi, tout est clair et brillant, tout va de l'avant, et les apogées sont de vrais paroxysmes. Le Scherzo est particulièrement exaltant au tempo pris par Munch, et le chef patricien n'a aucun mal à passer en mode rural et bourru.

Selon les goûts de chacun, le bilan de Munch est tapageur, précipité et peu convaincant, ou instructif à la manière dont le sont souvent les opinions contradictoires. Il observe bien, ou invente, les « fréquents changements de tempo non notés [dans la partition] » que mentionne Bruckner dans une lettre au chef d'orchestre Arthur Nikisch (l'un des prédécesseurs de Munch à la tête de l'Orchestre symphonique de Boston).

Source : Richard Dyer / ICA
Traduction : David Ylla-Somers

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