Concert

Akiko Suwanai, Nicholas Angelich : sonates de Mozart, Brahms et Beethoven

Auditorium du Louvre

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Ce concert est présenté par

Casting

Akiko Suwanai — Violoniste

Nicholas Angelich — Pianiste

Programme

Mozart – Sonate pour violon et piano en si bémol majeur K 454

Composée en 1784 à l'intention de la violoniste virtuose Regina Strinasacchi au cours d'une période prolifique où Mozart rencontre ses plus grands succès viennois avec ses concertos pour piano, cette sonate est également contemporaine du grand Quintette pour piano et vents K 452, avec lequel elle présente de nombreuses similitudes, en particulier dans la majestueuse introduction lente au premier mouvement. Mettant le violon au premier plan plus que dans n'importe quelle autre sonate du compositeur pour cette formation, l'œuvre, tour à tour tendre et espiègle, joyeuse et sombre, est écrite dans le grand style concertant qui sera par exemple celui de la Sonate à Kreutzer de Beethoven vingt ans plus tard. Fait rarissime, ayant sans doute apporté trop de soin à la partie de violon, Mozart n'avait pu, pour le soir de la première, achever celle de piano. Il dut donc l'exécuter entièrement de tête devant une page blanche, avant de la noter consciencieusement à l'issue du concert.

Brahms – Deuxième sonate en la majeur opus 100, Thuner-Sonate

Cette sonate, rebaptisée Thuner-Sonate, fut composée en 1886, sur les bords du lac de Thun, en Suisse, lors d'une période féconde pour le compositeur. C'est probablement la sonate de Brahms la plus lyrique, qui mêle intensité et introspection, originalité et timidité. Le premier mouvement, Allegro amabile, commence avec un thème naïf et frais énoncé au piano, puis repris et adapté au violon. Un pont amène le deuxième thème présenté au piano, très lyrique dans un premier temps, tandis que surgit une nouvelle idée adjacente, rythmique. Un troisième thème enthousiaste et exalté conclut cette longue exposition, et domine le développement. La réexposition de ces trois thèmes ménage une longue coda qui se conclut dans l'héroïsme. Dans le mouvement central se succèdent plusieurs épisodes en un agencement habile d'éléments contrastés. L'Andante tranquillo initial prend pour prétexte un thème léger et bucolique chanté par le violon puis par le piano. Le Vivace di qui andante est plus longuement développé, adoptant une allure dansante et capricieuse. Ces deux thèmes de l'andante et du scherzo, repris chacun dans un troisième et quatrième épisode, sont enfin combinés avec une savante concision. Le dernier mouvement, Allegretto grazioso, quasi andante, relativement lent pour un finale, est une sorte de rondo dont le thème-refrain s'avoue comme une réminiscence d'un lied très célèbre du compositeur, Mein Liebe ist grün wie der Fliederbusch, chanté avec expression en un legato soutenu. Sur des arpèges du piano intervient un motif d'une couleur plus sombre et mélancolique assorti d'un bref bouleversement passionné. Ces divers éléments sont repris dans une troisième partie, avec une courte coda concluant la sonate dans un sentiment de bonheur tranquille et rayonnant.

Sonate en la majeur opus 47, « A Kreutzer »

Composée en 1802 et 1803, cette célèbre sonate reçut à l'époque un accueil très réservé, l'Allgemeine Musikalische Zeitung considérant que Beethoven y avait « poussé le souci de l'originalité jusqu'au grotesque ». L'œuvre se rattache par sa forme à l'esthétique classique mais ses accents marquent le début du romantisme musical. Le premier mouvement débute par un court Adagio sostenuto formant une introduction solennelle qui prépare le passage au premier thème du Presto, très fougueux, que les deux instruments semblent vouloir s'arracher l'un à l'autre. Le second thème sonne par contraste plus apaisé, en sons soutenus. La reprise de la première exposition est suivie d'un développement plus inédit. Le morceau entier reste cependant coordonné par une idée mélodique centrale, dérivée du thème principal. La coda ajoute à l'aspect dramatique du mouvement. L'Andante con variazioni apporte une détente poétique, déclinant un thème apaisant, au rythme syncopé, dans une suite de quatre variations. Dans la première le thème est exposé au piano, situation qui est inversée dans la seconde, formant un exercice de virtuosité pour le violon. La troisième variation, où les rôles sont partagés, amène une dramatisation du thème, qui va finalement s'épanouir dans la quatrième. Le finale Presto, en forme de tarentelle, s'ouvre avec un thème en contrepoint au piano et au violon. Puis c'est une reprise vertigineuse du corps à corps antérieur entre les deux instruments, qui se disputent dans une course effrénée un thème au rythme saccadé (noire/croche). Une phrase adagio précède la coda magistrale qui vient conclure un duel incessant entre les deux partenaires.

Musée du Louvre : Henri Loyette, président directeur ; Monique Devaux, directrice artistique des concerts.

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