Biographie
Benjamin Britten : jeunesse et formation du compositeur britannique
Qui est Benjamin Britten ?
Né en 1913, Edward Benjamin Britten, ou le Baron Britten d’Aldeburgh, est sans conteste le plus important des compositeurs britanniques du 20e siècle. Réputé pour ses talents de chef d'orchestre et de pianiste, Britten s'inscrit comme une grande figure de la musique classique contemporaine qui a su insuffler un vent de modernité dans le monde de l’opéra. Parmi ses œuvres les plus célèbres figurent l’emblématique opéra Peter Grimes (1945), le sublime War Requiem (1962), ainsi que la partition orchestrale The Young Person’s Guide to the Orchestra (1945).
Sa formation et ses influences
Fils de parents mélomanes, le petit Benjamin naît entouré de musique. Sa mère, chanteuse et pianiste amateure, l'initie au piano dès son plus jeune âge. Son père, chirurgien-dentiste à Lowestoft, un port de pêche anglais face à la mer du Nord, interdit radio et gramophone à la maison, afin de mieux apprécier la musique en direct. Le couple, hôtes privilégiés des musiciens de passage, favorise ainsi la musique vivante. À 5 ans, Britten compose sa première pièce. À 14 ans, il rencontre Frank Bridge, compositeur et altiste britannique qu'il admire, et devient son élève. Ils garderont une relation très proche. En 1929, il entre au Royal College of Music à Londres pour y étudier la composition et le piano. Influencé par Arnold Schoenberg, il compose La Sinfonietta pour dix instruments, son opus 1, en 1933, un an après l’obtention de son diplôme. Lorsqu'il émet le souhait de se rendre à Vienne pour étudier avec Alban Berg, il est découragé par la direction du Collège qui invoque l’influence néfaste de ce compositeur moderne pour dissuader ses parents.
Ses premières compositions, ses premiers succès
En 1934, Britten publie la Simple Symphony, une réinterprétation de morceaux qu'il avait composés à l’âge de 10 ans. Véritable hommage à la jeunesse, cette œuvre marque son premier succès et amorce la direction de son style. La même année, son Quatuor-Fantaisie pour hautbois et cordes, écrit pour représenter l'Angleterre au Festival de Florence, remporte également un franc succès. Des œuvres comme Les Illuminations, sur un texte de Rimbaud, et la Sérénade pour ténor, cor solo et cordes voient également le jour. En parallèle, Britten s’illustre également dans la composition pour la radio et le cinéma. Pendant quatre ans, il occupe le poste de compositeur et directeur musical pour la Documentary Cinema Company, dépendant de la Poste britannique, où il rencontre le poète W. H. Auden. Leur collaboration fructueuse donne naissance au cycle Our Hunting Fathers. Lors d'un voyage aux États-Unis avec Auden, Britten fait la connaissance du ténor Peter Pears, qui devient non seulement son partenaire musical, mais aussi son amour, influençant profondément son œuvre. En 1937, ses Variations sur un thème de Frank Bridge, créées au Festival de Salzbourg, marquent un premier grand succès international. L'année suivante, Jean Cocteau lui confie la composition de la musique de scène pour sa pièce L'Aigle à deux têtes.
L'œuvre de Benjamin Britten
Britten et l'opéra
À l’aube de la Seconde Guerre mondiale, Britten et Pears s’exilent aux États-Unis. C’est là qu’il compose Paul Bunyan, sa toute première opérette destinée aux étudiants de l’université Columbia, sur un texte de W. H. Auden. Il y rencontre également le chef d’orchestre Serge Koussevitzki, qui lui commande son premier grand opéra. De retour en Angleterre en 1942, Britten se lance dans la composition de cette œuvre, et en 1945, Peter Grimes voit le jour. Le succès est immédiat et retentissant : Britten accède à la célébrité en un instant. Peter Grimes devient l’un des opéras du 20e siècle les plus acclamés, et marque d’un même coup la naissance de l’opéra anglais moderne. Par la suite, Britten se détourne du genre du « grand opéra » pour se tourner vers l’opéra de chambre, qu’il juge plus accessible et plus facile à jouer, des critères auxquels il accorde une grande importance. Pour aller encore plus loin dans cette démarche, il fonde en 1946 l’English Opera Group, qu’il dirige en tant que chef et compositeur. Son objectif : restaurer l’image et raviver le prestige de l’opéra anglais. Ses œuvres lyriques à venir – Le Viol de Lucrèce (1946), Albert Herring (1947), Le Tour d’écrou (1954), Le Songe d’une nuit d’été (1960) et La Mort à Venise (1973) – confirmeront ce projet, une à une.
Les œuvres orchestrales, vocales et de musique de chambre
Si Britten et l’opéra, c’est une histoire d’amour qui dure, ses autres œuvres sont tout aussi des bijoux de virtuosité et de modernité audacieuse. The Young Person's Guide to the Orchestra (1945) en est un parfait exemple : bien plus qu’une œuvre pédagogique, elle déploie une palette sonore d'une richesse inédite, tout en mettant en valeur sa maîtrise du timbre et de la texture instrumentale. Son Concerto pour violon (1939) surprend par la tension palpable que créent la relation entre la virtuosité du violon et des harmonies dissonantes. Cette même maîtrise instrumentale se retrouve dans ses œuvres de chambre – ses trois Quatuors à cordes et sa Sonate pour violoncelle et piano – et dans ses pièces pour instruments solistes, comme la Suite pour violoncelle solo (1964) et la Suite pour harpe (1969). Mais au-delà de la technique, Britten porte une vision musicale résolument ancrée dans son époque. Composée en 1942, A Ceremony of Carols est une des œuvres vocales les plus poétiques de Britten, une vision de Noël pleine de simplicité et d’espoir. Quant à War Requiem (1962), il y fusionne chœur, solistes et électronique pour offrir une méditation poignante sur la guerre et la condition humaine. En somme, Edward Benjamin Britten n’est pas seulement un grand compositeur et maître de l’opéra, mais aussi un visionnaire musical, hors du commun et marginal : exceptionnel dans tous les sens du terme !
Britten sur medici.tv
Des opéras de Britten à ses pièces vocales et de musique de chambre, les œuvres les plus marquantes du compositeur se dévoilent dans des interprétations exceptionnelles, accessibles sur medici.tv, la plus grande plateforme de streaming dédiée à la musique classique. Ce véritable trésor numérique permet de plonger au cœur de son univers sonore unique, où la virtuosité et l’innovation rencontrent avec force l’engagement et l’émotion d’un artiste marginal en tout point génial ! Et pour aller plus loin et pénétrer l’univers de ce compositeur visionnaire, plongez dans les archives en couleur de deux géants du 20e siècle musical : Benjamin Britten et Mstislav Rostropovitch, réunis à Aldeburgh en juin 1968 pour interpréter Tchaïkovski et des extraits de son propre opéra Gloriana, ou assistez à ses concerts de 1964 et 1970, où Britten dirige Mozart et Mendelssohn avec une maîtrise absolue.
L'héritage et l'influence de Benjamin Britten sur la musique classique du 20e siècle
Un style unique entre tradition et modernité
Ayant vécu presque toute sa vie en Angleterre, la musique de Britten raconte ses traditions, ses influences et ses aspirations. Loin des avant-gardes radicales, il impose une modernité singulière, en marge des codes dominants. Refusant l’atonalisme pur, il reprend les structures classiques pour y insuffler une clarté accessible, portée par une précision redoutable. Il puise autant chez Purcell et le folklore anglais que chez Berg, Debussy, Moussorgski et Verdi. Dans ses œuvres vocales, il rend hommage au Moyen Âge et au bel canto, confiés à des chœurs d’enfants, mêlant poésie et pédagogie. Il privilégie l’opéra de chambre au grand opéra, pour plus de sincérité et de proximité. Son voyage à Bali en 1956 nourrit son langage : The Prince of the Pagodas (1957) et Curlew River (1964) intègrent l’esprit du gamelan, avec ostinatos et atmosphères rituelles. Mélodiste hors pair, il redonne à l’anglais une puissance rare. Avec Peter Grimes, A Ceremony of Carols ou War Requiem, il fait de la musique vocale un moyen d’expression intime et engagée. Libre, singulier, profondément humain, Britten redéfinit le rôle du compositeur au 20e siècle et inspirant par la suite des compositeurs comme Thomas Adès et son opéra The Tempest.
Le pacifisme dans son œuvre
« Si vous l’entendez réellement [la musique de Britten], et ne l’écoutez pas simplement de manière superficielle, vous prenez conscience de quelque chose de très sombre ». — Leonard Bernstein
Contemporain de deux guerres mondiales et homosexuel à une époque où cela restait un crime, Britten est confronté très tôt à la violence et aux travers humains. Objecteur de conscience, il refuse toute participation militaire et fuit aux États-Unis avec le poète, ami et collaborateur W. H. Auden. C’est Auden qui l’encourage à vivre ouvertement son homosexualité quand il rencontre en 1937 son compagnon de toujours, le ténor Peter Pears. Cette orientation se ressent dans plusieurs œuvres lyriques, comme Peter Grimes, Billy Budd ou l’opéra testamentaire Death in Venice, d’après Thomas Mann. Le 30 mai 1962, pour l’inauguration de la cathédrale de Coventry, reconstruite près des ruines de celle bombardée en 1940, il compose War Requiem. Une réponse à « sa terrible angoisse face à cette sorte de génie qu’ont les hommes à s’étriper régulièrement, depuis toujours et sans doute pour toujours ». Il écrira d’ailleurs à sa sœur « j’espère que cela fera réfléchir un peu les gens ». Comme pour ponctuer ses propos, il compose l’année suivante sa Cantata misericordium (Cantate des miséricordieux), qui s'inspire de la parabole du Bon Samaritain de la Bible, qui se rapporte à « l’amour de son prochain ». De sa vie privée à sa vie musicale, le pacifisme guide Britten et transparaît comme le cœur secret qui fait battre son œuvre.
Ses collaborations avec d'autres artistes
Au fil de sa carrière, Britten a su s’entourer de figures artistiques majeures qui ont nourri et façonné son œuvre. À commencer par le poète W. H. Auden, avec qui il collabore étroitement à ses débuts, notamment pour Our Hunting Fathers (1936) et l’opérette Paul Bunyan (1941). Plus qu’un simple collaborateur, Auden l’encourage à affirmer sa singularité dans une Angleterre encore très conservatrice. Mais c’est surtout sa relation avec le ténor Peter Pears, son compagnon de toujours, qui marque toute sa production. Muse, cofondateur du Festival d’Aldeburgh, Pears devient l’interprète privilégié de nombreux chefs-d’œuvre : Peter Grimes, The Turn of the Screw, Death in Venice, ou encore Les Nocturnes et Les Illuminations. La voix de Pears devient le fil rouge d’un catalogue très personnel. Autour de ce noyau, d’autres collaborations brillent. Mstislav Rostropovitch, pour qui Britten compose ses Trois Suites pour violoncelle seul et la Sonate pour violoncelle et piano (1961), et Dietrich Fischer-Dieskau, qui interprète en avant-première Songs and Proverbs of William Blake (1965) et participe au War Requiem. Julian Bream, à l’origine de la composition de Nocturnal after John Dowland (1963), œuvre phare du répertoire pour guitare classique du 20e siècle. Janet Baker, bouleversante dans le rôle de Phaedra (1946), et Kathleen Ferrier, créatrice du rôle de Lucrèce dans The Rape of Lucretia (1975).
