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Jonas Kaufmann, nouvel héros tragique de Puccini

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Jonas Kaufmann figure parmi les meilleurs ténors lyriques actuels. Au Royal Opera House de Londres, il endosse pour la première fois, le rôle ambitieux du chevalier Des Grieux dans le chef-d'œuvre de Puccini, Manon Lescaut. « Ce rôle est extrêmement beau et je pense que je vais l’interpréter à de nombreuses reprises à l’avenir,» confie le ténor allemand qui ajoute : « une grande amitié et une passion débutent entre cet opéra et moi. »

Pendant des années, le rôle de Des Grieux semblait réserver à Plácido Domingo. Jonas Kaufmann suit désormais ses pas sur l’invitation de l’institution londonienne qui n’avait pas présenté cette oeuvre de Puccini inspirée du roman de l’abbé Prévost depuis trente ans.

Il faut rappeler qu'à l'époque, cette trame n'était pas la bienvenue aux yeux de l'éditeur du compositeur italien dans la mesure où quelques années auparavant, Massenet l’avait adaptée avec succès pour l’opéra. Mais Puccini a eu bien fait d’insister : sa version triomphe dès sa première, en 1893. «Manon Lescaut est une œuvre où tout se libère,» souligne Antonio Pappano, directeur musical du Royal Opera House. « Le talent de Puccini atteint son paroxysme tout-à-coup : c’est la bonne histoire, le bon projet et les bons personnages pour lui ! » s’enthousiasme-t-il.

Cette œuvre vue comme l’opéra le plus wagnérien de Puccini mêle de nombreuses influences. «On retrouve un peu de tout dans cet opéra,» explique Jonas Kaufmann, « on peut entendre du Verdi, mais aussi du Wagner et ses Maîtres chanteurs par exemple.» Antonio Pappano renchérit : « Puccini est allé à Bayreuth où il a découvert la musique de Wagner, il a été totalement bluffé,» dit-il, « Wagner, c'était en quelque sorte la voie à suivre et au niveau orchestral, on retrouve cela tout au long de Manon Lescaut : c’est incroyablement riche, magnifique,» conclut-il.

Cet opéra, mis en scène cette fois-ci par Jonathan Kent, retrace l’histoire d’amour impossible entre un Des Grieux, chevalier mais pauvre, et une Manon torturée entre ses sentiments et l’argent. «Il ne peut pas se détourner de cette femme,» insiste le ténor, « c’est une passion, il est quasiment obsédé par elle. Sinon, on ne peut pas expliquer la manière dont il se comporte,» fait-il remarquer, «le fait qu’il la suive contre vents et marées même si elle le déçoit sans cesse : il reste à ses côtés. »

Jonas Kaufmann nous rappelle un passage de l’Acte II : «'Fango, nel fango io sono' : 'Je suis fange dans la fange.' Je ne suis rien de plus pour toi, que va-t-il se passer à l’avenir ? Que me feras-tu par la suite ?» rejoue-t-il. « Donc il sait très bien, » précise-t-il, « que cette femme est synonyme de malheur pour lui, mais il continue de la suivre. (…) Pour Des Grieux,» insiste le ténor, «l’amour est une promesse passionnée de ce qu’on éprouve et qui reste gravé dans le coeur jusqu'à la mort. »

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