Documentaire

La mystérieuse Vanessa de Samuel Barber ensorcelle Glyndebourne

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Casting

Emma Bell — Soprano

Keith Warner — Mise en scène

Programme

Un magnifique manoir au cœur de la campagne anglaise où des spectateurs élégants participent à un somptueux pique-nique... C'est le décor d'un événement lyrique unique au monde : le festival de Glyndebourne. Cette année, le contraste est saisissant avec la noirceur froide de l'une des productions présentées sur la scène du théâtre attenant : Vanessa de l'Américain Samuel Barber, un opéra créé il y a soixante ans à l'époque d'Alfred Hitchcock.

Coupée du monde pendant vingt ans
"C'est une pièce que l'on pourrait presque jouer non pas comme une œuvre musicale, mais comme une pièce de théâtre," estime le metteur en scène Keith Warner avant d'ajouter : "Il y a cette merveilleuse musique lyrique qui s'y ajoute et qui emporte le public dans une histoire très sombre et mystérieuse."

Vanessa, incarnée par la soprano britannique Emma Bell, a été abandonnée depuis bien longtemps par son amant Anatole. Dans sa demeure figée par le temps, elle a couvert les miroirs et s'est coupée du monde extérieur dans l'attente de son retour. Quand des décennies plus tard, le fils d'Anatol fait son apparition, tout bascule.

"Imaginez : vous avez attendu quelqu'un pendant vingt ans et il est sur le point de passer la porte ! Vous êtes des plus vulnérables," fait remarquer Emma Bell.

Jeu de miroirs
Dans la mise en scène de Keith Warner qui s'avère ingénieuse et étonnante visuellement, d'immenses miroirs font planer leur reflet angoissant sur les personnages.

"Constamment, il y a des reflets et constamment, on voit des choses à travers," indique le metteur en scène. "Vous pouvez voir votre reflet dedans tel que vous êtes maintenant et vous pouvez voir le passé à travers le miroir," poursuit-il.

"Vous pouvez aussi voir le reflet comme si c'était votre vie que vous contempliez et le reflet de la vie autour de vous : vous pouvez presque vous mettre en retrait et faire en quelque sorte, l'analyse de ce qui se passe," estime-t-il.

"Œuvre cinématographique"
La soprano Emma Bell renchérit : "On peut utiliser ces miroirs pour voir à travers, pour créer un autre monde derrière le voile."

"Il est clair que les sonorités sont épiques, l'œuvre est cinématographique," juge-t-elle. "Il y a tout un éventail de sons et des aigus et des graves extrêmes : c'est un monde tellement vaste, la palette de couleurs est immense," souligne-t-elle.

Jakub Hrůša, chef d'orchestre, indique ce qui pour lui, fait la particularité de cette œuvre : "C'est évidemment un opéra américain du fait de son univers sonore : en particulier, les sonorités des cuivres, l'essence rythmique, mais aussi la douceur des mélodies," dit-il. "Il change de direction tout le temps, donc on est sans arrêt incité à s'impliquer," assure-t-il.

Keith Warner donne son sentiment sur cet opéra : "Je crois que c'est sombre parce que la psychologie humaine dans cette œuvre est sombre. Mais j'espère que le rendu est aussi très élégant et magnifique," déclare-t-il, "parce que d'une certaine manière, ce monde a besoin d'une facette presque superficielle pour pouvoir lire et appréhender ce qu'il y a sous cette noirceur."

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