Sooyun Kim et Juho Pohjonen jouent Poulenc, Dutilleux, Yun et Schubert

Schubert a peu écrit pour la formation duo et encore plus rarement pour la flûte et le piano. Cette œuvre est en effet la seule dans laquelle la flûte intervient en tant que partenaire et soliste. Composée à la demande du flûtiste Ferdinand Bognier, ami de Schubert, le thème de cette œuvre est extrait du dix-huitième Lied du cycle La Belle Meunière intitulé Fleurs séchées. Ce Lied est un exemple de jeu sur l'ambivalence entre la tonalité mineure et la tonalité majeure, avec pour toile de fond une marche funèbre récurrente. Construite autour d'une introduction et de sept variations, l'œuvre met fortement en valeur la flûte et ses possibilités musicales : légèreté du premier mouvement, souplesse du troisième, agilité du cinquième sont, pour le flûtiste, des occasions de faire preuve de l'étendue de sa technique et de son intelligence musicale.

Francis Poulenc – Sonate pour flûte et piano (1956-57)

Très représentative de la relation qu'entretenait Poulenc avec les instruments de la famille des bois, la Sonate pour flûte et piano de Poulenc est la plus légère et la plus mélodique de celles qu'il a composées. Elle fut une réussite dès sa création à Strasbourg en 1957, à tel point qu'on a pu lire dans la presse à son sujet qu'elle était « Du meilleur Poulenc et même un peu mieux ». Cette sonate, d'une liberté totale d'un point de vue formel, ne rentre dans aucun des canons de la musique contemporaine, malgré une grande rigueur sonore qui n'est pas sans rappeler des aspirations classiques. Le motif souple et aérien du début du premier mouvement est repris tour à tour par la flûte et par le piano, pour guider chacun des instruments vers une conclusion aux accents mélancoliques, renforcés par les double-croches du piano dont Poulenc disait qu'elles devaient être « très estompées » pour accentuer le côté maniéré du motif. La lenteur du second mouvement contraste avec la vivacité du premier mais également du troisième. Ce contraste permet d'accentuer l'esprit mélancolique qui s'en dégage. On y retrouve des ressemblances troublantes avec la partie chantée de Sœur Constance dans Le Dialogue des Carmélites. Le dernier mouvement, à l'opposé du précédent, est bondissant et joyeux, et permet à la flûte de déployer ses traits de virtuosité dans un dialogue percutant avec le piano. Les aigus y sont particulièrement vifs et prononcés, et le bref rappel mélancolique juste avant la fin du mouvement ne fait qu'accentuer le fortissimo des dernières mesures.

Henri Dutilleux – Sonatine pour flûte et piano (1942)

Considérée par son compositeur comme un véritable jalon dans sa progression artistique, la sonatine pour flûte et piano d'Henri Dutilleux est effectivement une œuvre dont la valeur musicale n'a d'égal que ses vertus éducatives. Composée pour un concours du Conservatoire de Paris en 1942, de courte durée elle est l'exemple de l'utilisation de la modalité, héritage de Ravel, et de la grande exigence du compositeur envers lui-même. Le premier mouvement Allegro de l'œuvre, tout en douceur en volupté, exige du flûtiste une grande dextérité pour les crescendo et decrescendo, accompagné doctement par le piano. Le second mouvement Andante est tout aussi réservé, et le troisième mouvement, plus vif, possède un caractère volubile et joyeux qui contraste par rapport aux précédents mouvements.

Musée du Louvre : Henri Loyrette, président directeur ; Monique Devaux, directrice artistique des concerts.

Ce concert est enregistré par et sera retransmis sur France Musique.

Avec le soutien de la Fondation Safran pour la musique.

Crédits.