Concert

Emmanuel Despax interprète Ravel, Liszt et Goss

Auditorium du Louvre

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Casting

Emmanuel Despax — Pianiste

Programme

En ouverture du cycle « Au fil de Liszt » l'Auditorium du Louvre vous propose de découvrir le premier récital à Paris d'un jeune pianiste français bardé de prix et déjà reconnu outre-Manche.


Franz Liszt – Deux Légendes S 175

Les années 1860 sont pour Liszt celles d'un retrait sur lui-même, elles correspondent en effet au long séjour romain du compositeur. Terrassé par la mort de ses enfants Daniel et Blandine, Liszt trouve le réconfort dans la foi catholique, allant même jusqu'à recevoir les ordres mineurs en 1865. Composées durant cette période, les Deux Légendes sont un hommage de Liszt à deux de ses saints patrons. Ces deux poèmes symphoniques pour piano aux couleurs éclatantes forment un aboutissement dans la production lisztienne, avant que le maître ne se tourne vers l'écriture plus dépouillée et mystérieuse de ses dernières pièces.

Dans un saisissant tableau sonore, la première évoque l'épisode du Sermon aux oiseaux de Saint François d'Assise. D'inspiration mystique, cette fête de la nature où le gazouillement des volatiles semble vouloir se prolonger à l'infini, ne trouve son équivalent que dans certaines pages de Messiaen un siècle plus tard. Le noble récitatif qui suit, correspondant à la prédication proprement dite, s'enfle progressivement pour gagner toute l'étendue du piano avant de revenir au silence.
© Auditorium du Louvre

Stephen Goss – Portraits and landscapes

Portraits and Landscapes (Portraits et paysages) nous parle de personnages et de lieux. Plus précisément, de la famille Mitchell et de ses paysages préférés. L'œuvre se souvient aussi des musiques que l'on peut entendre chez eux : celles de Schumann, Wagner, Liszt, Debussy et Ravel. Cinq études de caractère font chacune le portrait d'un membre de la famille. Rubha Hunish a été la première miniature à être composée. Au centre du recueil, elle évoque la quiétude et la solitude de l'île de Skye (quand le temps est calme). Mes pensées allaient du lied de Schumann Zwielicht extrait du Liederkreis opus 39, à Nuages gris de Liszt et à Tristan et Isolde de Wagner. J'ai tenté d'extraire l'essence de ces sources. Autour de cette clé de voûte, deux pièces d'un caractère plus léger. There'll never be peace till Jamie comes hame est un scherzo sauvage basé sur un thème écossais de Robbie Burns, qui apparaît transformé dans un rythme de gigue. Waltz and Réplique, quant à elle, est une pièce coquette, impertinente et sentimentale. Dans Waltz, la Valse Allemande du Carnaval de Schumann est retravaillée (nouveaux rythmes, nouvelles notes), tandis que Réplique est directement issue du Carnaval ; une réplique au sens premier du terme. Le recueil s'ouvre avec Sound of Iona, qui évoque les quelques jours de l'année où le soleil écossais est particulièrement chaud rendant l'île d'Iona tout à fait silencieuse. La musique est statique et calme. J'avais deux pièces marines en tête : Ondine de Debussy, extrait du Deuxième Livre des Préludes, et celle de Ravel, extrait de Gaspard de la Nuit. On perçoit d'ailleurs l'influence de l'écriture de Ravel dans le finale. La Toccata est vive et énergique, un tour de force virtuose qui mène le recueil à une conclusion brillante.
Stephen Goss © Auditorium du Louvre

Maurice Ravel – Gaspard de la Nuit

Sommet de la production pianistique de Ravel, Gaspard de la Nuit fut composé en 1908 à la suite de la lecture du recueil de poèmes en prose éponyme d'Aloysius Bertrand. Le triptyque s'ouvre avec Ondine, dont les eaux miroitantes évoquent l'écriture de Jeux d'eau ou d'Une barque sur l'océan. Sur un long trémolo, la nymphe marine fait son apparition avec un motif unique qui sera développé et amplifié tout au long de la pièce. D'une noirceur absolue, Le Gibet superpose le glas inflexible d'une cloche au loin à la plainte déchirante du pendu sentant sa fin proche. Avec Scarbo, le gnome démoniaque du volet final, Ravel souhaitait dépasser en virtuosité tout ce qui s'était écrit jusqu'alors pour le piano, notamment l'Islamey de Balakirev. Ce scherzo halluciné aux âpres dissonances met en effet l'interprète à rude épreuve : notes répétées martelées sur un rythme trépidant, brusques changements de registre et d'atmosphère, guirlandes précipitées aux deux mains…Cette vision cauchemardesque s'évanouit progressivement avec le lever du jour et le réveil du dormeur. À nues, les trois notes qui composent le motif de Scarbo perdent leur terrifiant pouvoir et le gnome disparaît en fumée.
© Auditorium du Louvre

Musée du Louvre : Henri Loyrette, président directeur ; Monique Devaux, directrice artistique des concerts.

Ce concert a été retransmis sur France Musique le 4 octobre à 14h.

Avec le soutien de la Fondation Safran pour la musique.

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