réalisateur

Alexander Sokurov

June 14, 1951

Biographie

Ce réalisateur majeur qui a mené de front une double œuvre de fiction et de documentaire, est né en 1951 à Podorvikha en Sibérie. Tout en intégrant l’université de Gorky (Nijni Novogorod désormais), il commence, en 1968 à travailler à la télévision locale comme chargé de production, puis producteur dès l’âge de 19 ans.

Le soutien de Youri Bespalov, le principal producteur de télévision de Gorky, eut beaucoup d’influence sur la carrière d’Alexander Sokurov. En 1974, ce dernier obtint son diplôme universitaire d’historien. En 1975, il fut admis à l’École de Cinéma VGIK à Moscou. Lors de ses études, il reçut la Bourse Eisenstein et le soutien marqué d’Andreï Tarkovsky, tant sur le plan moral que professionnel. Ils restèrent en contact, même après que Tarkovsky se fut installé à l’Ouest.

En 1979, Sokurov fut diplômé avec un an d’avance sur le cursus normal à la suite d’un conflit entre l’École et les directeurs du Comité d’État pour la Cinématographie (Goskino). Les travaux du jeune réalisateur n’étaient pas acceptés, et il se vit accusé de « formalisme » et « d’attitudes anti-soviétiques ». C’est grâce à la recommandation de Tarkovsky qu’il put néanmoins intégrer l’équipe du studio Lenfilm, en 1980.

Son premier film tourné pour les studios de Leningrad, La voix solitaire de l’homme, fut mal accueilli par Goskino et la direction du Parti Communiste. Tous les films de Sokurov restèrent frappés d’interdit par les censeurs, aucun ne put être montré au public jusqu’à la Perestroïka instaurée par Mikhail Gorbatchev. Aujourd’hui, Alexander Sokurov a écrit et réalisé plus de quarante films.

Avec Mère et fils en 1996, il atteindra une renommée mondiale, confirmée avec le second volet de ce qu’il a annoncé comme une trilogie, Père et fils, en 2003 qui doit se clore avec Deux frères et une sœur, toujours à l’état de projet. En 1999, il entreprend la réalisation d’une tétralogie qui s’ouvre avec Moloch (prix du scénario à Cannes en 1999), et se poursuit avec Taurus (2000) et The Sun (2004). Ces films traitent respectivement de Hitler, Lénine, et l’Empereur Hirohito. Cette fresque sur la nature du pouvoir s’achève en 2011 avec la sortie du film Faust, qui reçoit le Lion d'or à la Mostra de Venise. « L’image symbolique de Faust vient compléter cette série de grands joueurs qui ont perdu les paris les plus importants de leur vie. Faust est apparemment hors de place dans cette galerie de portraits. Qu’a-t-il en commun avec ces figures bien réelles qui sont montées au sommet du pouvoir ? Un amour des mots qui sont faciles à croire et le malheur pathologique dans la vie quotidienne. Le mal est reproductible, et Goethe avait formulé son essence: « les gens malheureux sont dangereux. » (Alexander Sokurov).

Il possède l’art de filmer le dénuement, de faire surgir la beauté de l’ordinaire et même du laid, mais n’élude jamais la crudité, la dureté de la réalité. Entre minimalisme et lyrisme. Et en prenant toujours clairement position au risque d’être mal compris. Son dernier film Alexandra, un des événements du festival de Cannes en 2007 a ainsi bouleversé par le portait de femme, une grand mère d’un soldat en garnison en Tchétchénie, incarnée par la grande cantatrice Galina Vishnevskaya, et nourri la polémique en suggérant que les soldats russes sont, autant que la population tchétchène, victimes de ce conflit.

Autre signature du style Sokurov, l’art de l’Elégie, lentes évocations de l’âme Russe à travers une forme éminemment poétique qui s’attache à filmer l’infime. C’est l’axe majeur autour duquel s’articule son œuvre de documentariste.