Lorsque La Traviata est donnée pour la première fois en 1853 à La Fenice de Venise, l'œuvre se heurte à l'incompréhension d'un public choqué par cet opéra qui fait de la courtisane une héroïne lyrique. Inspirée de La Dame aux camélias d'Alexandre Dumas, La Traviata est pourtant devenue l'une des œuvres de Verdi les plus appréciées, avec son ouverture, ses chœurs et sa multitude d'airs extrêmement fameux.
L'histoire de La Traviata réunit le destin de deux êtres, Violetta, courtisane atteinte de phtisie, et Alfredo, jeune homme de bonne famille. L'amour qu'ils se portent dès leur première rencontre attise le courroux du père d'Alfredo, Giorgio Germont, qui contraint Violetta à rompre avec son fils. Violetta agonise seule ; Alfredo finit bien par apprendre que son chagrin d'amour n'est dû qu'à une supercherie de l'esprit étriqué de son père, mais lorsqu'il accourt, il est trop tard. Violetta meurt dans ses bras.
La mise en scène de Peter Mussbach, enrichie par les créations vidéo d'Anna Henkel-Donnersmark et Stefan Runge, fait de nombreuses références au cinéma. La plus évidente est sans doute l'allure de Violetta (Mireille Delunsch), largement inspirée de celle de Marilyn Monroe. La réalisation de Don Kent, contribue elle aussi à rapprocher cette Traviata d'un chef-d'œuvre du septième art. L'atmosphère onirique qui se dégage des flash fluo et des nombreux « trucages » permet à Mussbach de réinterpréter les deux premiers actes de La Traviata comme un long flash-back, préfigurant la mort inéluctable de Violetta, et épaississant ainsi la tragédie d'une histoire dans laquelle le fatum occupe une place à la hauteur de celle que les Grecs lui donnèrent eux-mêmes...
Photo : © Elizabeth Carecchio