« Tout dans la mise en scène est précis, direct, percutant, sans arrière-pensée inutile, sans non-dit introspectif : les personnages sont eux-mêmes avec leurs forces et leurs faiblesses, leur dérision et leur envie, leur candeur et leur malhonnêteté : personne ne sort sans doute indemne mais le cataclysme des sentiments fonctionne à plein. »
– (Le Soir, à propos de la mise en scène de Jean-Louis Grinda)

Mythique, intemporelle, la figure du redoutable séducteur est interprétée par Erwin Schrott, pour qui le rôle de Don Giovanni n'a plus de secrets. Parmi les conquêtes de Don Giovanni, on retrouvera Patrizia Ciofi interprétant Donna Anna, la soprano montante Sonya Yoncheva, gagnante du Concours Operalia en 2010, interprétant le rôle de Donna Elvira et Loriana Castellano qui interprétera le rôle de Zerlina. Giacomo Prestia interprète en voix de basse le rôle du Commandeur, le ténor Maxim Mironov, spécialiste du bel canto, interprète le rôle de Don Ottavio. Enfin, Leporello trouvera un maître d'interprétation en Adrian Sampetrean.

À Séville, avec l'aide de son valet Leporello, Don Giovanni, qui aime à s'adonner à l'art de la conquête amoureuse, multiplie les tentatives de séduction auprès de Donna Anna (fiancée de Don Ottavio), Donna Elvira (précédente conquête qu'il ne reconnaît pas) et Zerlina (fiancée de Masetto). Coupable du meurtre du Commandeur (le père de Donna Anna) et démasqué par les fiancés de ces demoiselles, l'impulsif séducteur n'a que l'issue du repentir pour échapper à leur vengeance, qu'il refuse. Après la visite de la statue personnifiée du Commandeur qui met une dernière fois en garde Don Giovanni, celui-ci est finalement puni, englouti par les flammes de l'enfer.

Tout l'art de l'adaptation par Mozart du mythe de Tirso de Molina réside dans son utilisation audacieuse de la forme du dramma giocoso, drame joyeux mêlant burlesque et sérieux. Alors qu'il incarne l'image du pur libertin cocasse du XVIIe siècle, Don Giovanni n'échappe pourtant pas aux lois qui le transcendent. Séducteur puni, Don Giovanni est rattrapé de manière surnaturelle par les règles sociales, morales et religieuses qu'il a pris plaisir à défier. Mais au-delà de la dimension quasi métaphysique de cet opéra, Mozart dévoile de nouveau son génie dans une magnifique partition, dont la musique et les thèmes nous emportent à la limite de la fiction et de la réalité. Wagner lui-même déclara que Mozart avait composé en Don Giovanni « l'opéra des opéras ».

Photos : © 2015-Alain Hanel-OMC.