Louise de Charpentier

Le « roman musical » de Charpentier tient à la fois à Wagner et Massenet : le premier pour l’emploi de ces thèmes conducteurs ; le second pour la parole, donnée aux petites gens. Le livret, inspiré du poète symboliste Saint-Pol Roux, met en scène une jeune couturière rêveuse et sensible écartelée entre respect filial et son amour pour le poète Julien, son voisin. Louise finit par trouver son bonheur auprès de son amant, contre le gré de ses parents, et peut ainsi chanter – c’est le fameux air qui débute l'acte III – : « Depuis le jour où je me suis donnée, toute fleurie semble ma destinée... ».

Dans cette production à l’Opéra de Paris, la « reine de la Bohème » trouve une incarnation idéale en Mireille Delunsch, dont l’intuition théâtrale rend chaque geste évident. Jane Henschel donne à la Mère une véhémence et dignité qui la rendent émouvante, auprès de José Van Dam, un père bouleversant maudissant Paris de lui avoir enlevé sa fille. Une ode à la « ville Lumière », dépeinte comme une fête permanente où règne l’ivresse cosmique de ses personnages pittoresques – le pape des fous, Irma, le noctambule, des colporteurs, marchands ambulants… À nous Paris !