Master classe

Olivier Messiaen et Yvonne Loriod, pianistes et professeurs

Les Leçons particulières de musique

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Casting

Olivier Messiaen — Professeur, pianiste

Yvonne Loriod — Professeur, pianiste

Nicholas Angelich — Pianiste (élève)

Kei Saotome — Pianiste (élève)

Roger Muraro — Pianiste (élève)

Yoko Kaneko — Pianiste (élève)

Masaaki Yasuda — Pianiste (élève)

Olivier Bernager — Une collection de

François Manceaux — Une collection de

Programme

Dans cette masterclass, Yvonne Loriod retrace son parcours musical, sa rencontre avec Olivier Messiaen et l'influence mutuelle qui les unit, tout en partageant son expérience des répertoires pianistiques classique, romantique et contemporain avec ses élèves.

Un jeune homme joue devant une élégante dame dans la fleur de l'âge sous le regard sévère d'un juge qui plonge parfois ses yeux dans une partition jaunie ouverte sur ses genoux. La caméra suit amoureusement les méandres de la musique en s'attardent sur les vitraux de l'église, la face torturée du Christ ou les longues mains de l'artiste. Qui se serait douté en 1990 que Nicholas Angelich deviendrait un des pianistes les plus réputés au monde si ce n'est Yvonne Loriod dont il était encore l'élève ?

C'est par un plan-séquence vertigineux que François Manceaux ouvre cette leçon. Angelich joue « Par lui tout a été fait », sixième pièce des Vingt regards sur l'Enfant-Jésus d'Olivier Messiaen. L'illustre compositeur avait bien prévenu: « C'est le film d'Yvonne Loriod ! Je n'y serai que témoin. » Le voici impassible, le regard dans l'au-delà, mais il ne pourra s'empêcher de faire une courte leçon d'analyse musicale et de rappeler que l'homme moderne néglige Dieu et ses messagers les oiseaux. On les retrouvera à leur domicile, serrés derrière le clavier du piano à commenter des photos. Olivier Messiaen rappellera que l'amour humain reflète l'amour divin et que son épouse en est le témoignage vivant. Ce film de musique est aussi un hymne à l'amour conjugal !

De nombreux documentaires, certains fort intéressants, ont été tournés sur Messiaen, très peu sur son épouse. Et pourtant, ce couple incarne au-delà d'eux-mêmes la relation indispensable entre le compositeur et son interprète. Messiaen était un pianiste hors du commun et un organiste à l'égal des plus grands, mais sans Yvonne Loriod qui entendait les pièces nouvelles durant leur gestation et lui en jouait parfois les esquisses, aurait-il écrit une œuvre de clavier aussi considérable ?

Yvonne Loriod, une dame très vieille France, au langage précieux, à la politesse un peu compassée, a eu l'attitude la plus contestataire qui soit pour l'époque quand il s'est agi de musique. Ses idées sur la société et sa foi catholique sans faille la situaient dans les manches d'une droite généreuse mais réactionnaire. En musique cependant, elle ne l'était pas : elle défendait la création de son temps bec et ongles sans pour autant renier la tradition. Ainsi, dans une institution musicale frileuse à l'extrême, un Conservatoire imbu de lui-même qui explosera en 1968, une société musicale sourde qui avait besoin de la violence des compositeurs nés autour de 1925, tels que Boulez, Berio, Xenakis, ou Stockhausen... Yvonne Loriod, dans sa paisible classe du Conservatoire National Supérieur de Paris, où elle ne peut imposer que des doses intimes de musique de son temps à une direction rétrograde, est une figure de ce qu'on appelle alors la « musique contemporaine ».

Et pourtant, ni Mozart, ni Beethoven et Chopin, ni Debussy, Scriabine et Ravel ne lui ont échappé. C'est une artiste complète qui transmet à ses élèves ce que la technique française a de plus beau, le toucher : cette façon de ne pas toujours jouer au fond des notes, de « travailler sur le double échappement » qui donne le son perlé et l'élégance du piano français; mais aussi la puissance jamais heurtée, nécessaire aux sonates de Beethoven autant qu'à la musique de Messiaen. À de jeunes Japonais, dans ce film, elle démontre que le phrasé de Mozart commence avant la première note et finit après la dernière, qu'il ne faut pas se laisser emporter par te tempo dans Beethoven... En quelques minutes de film, elle nous donne un aperçu de son art consommé pour faire naître des vocations d'artistes, certains aujourd'hui devenus des grandes figures de notre temps comme Aimard, Béroff, Angelich, Muraro ou Levinas.

Les Leçons particulières de musique : douze émissions qui ont marqué la télévision française entre 1987 et 1991. Pour Oliver Bernager et François Manceaux, il s'agissait de saisir le vif de l'art des interprètes les plus importants de notre temps en situation de concert et surtout, d'enseignement.

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