Au Lucerne Festival, Abbado dirige une Cinquième de Mahler d'anthologie.
L'Histoire pèse lourd sur les épaules d'un chef qui s'apprête à diriger cette œuvre chargée d'histoires. Mais les épaules de Claudio Abbado sont solides, bien que fines : ce chef italianissime, né à Milan en 1933 et qui a été pendant plus de quinze ans directeur du Teatro alla Scala, s'est formé à Vienne auprès de Hans Swarowsky, et la culture de l'Europe centrale, de la littérature aux beaux-arts, lui est une seconde nature. C'est avec la Deuxième symphonie de Mahler qu'il choisit de faire ses débuts, à 32 ans, avec les Wiener Philharmoniker, et il donne le nom de Gustav Mahler à l'orchestre de jeunes qu'il fonde en 1986.
Par la suite, Claudio Abbado ne cessa d'exhaler la complexe beauté des symphonies du compositeur viennois sur toutes les scènes du monde. Ce soir de 2004 à Lucerne, dans la salle conçue par l'architecte Jean Nouvel, c'est la Cinquième, fleur vénéneuse du bouquet mahlérien, que le chef italien nous livre avec le Lucerne Festival Orchestra. Dans ses rangs brillent des solistes de niveau international (on reconnaît la clarinettiste Sabine Meyer, la violoncelliste Natalia Gutman, la harpiste Marie-Pierre Langlamet, les membres du Quatuor Hagen...) unis par la grâce de la baguette d'Abbado pour une Cinquième Symphonie d'anthologie.