Pâques est l'événement majeur du calendrier chrétien, mais pour les laïques et les mélomanes, c'est surtout la période des grandes Passions de Bach, du Parsifal de Wagner, de la Symphonie « Résurrection » de Mahler et du Cavalleria rusticana de Mascagni.
Au centre du Nouveau Testament, la crucifixion du Christ et sa résurrection occupent une place majeure dans les croyances chrétiennes. De ce fait, nombreuses ont été les compositions musicales à raconter l'histoire de la « Passion » de Jésus, puisée dans les récits des apôtres—Georg Philipp Telemann en composa 46 ! À cet égard, la Passion selon Saint-Jean et la Passion selon Saint-Matthieu de Bach comptent parmi les monuments de la littérature musicale sacrée. Ces deux œuvres, dont l'exécution dure respectivement deux et trois heures, sont des « drames » musicaux, qui introduisent la musique de scène dans le répertoire sacré. Nous vous proposons ici de découvrir la Passion selon Saint-Jean dirigée par le chef d'orchestre japonais Masaaki Suzuki, élève de Ton Koopman à Amsterdam et interprète spécialiste de Bach. Masaaki Suzuki est membre de l'Église réformée du Japon, une minorité dans la minorité (les chrétiens représentent 1% de la population au Japon). Pour la Passion selon Saint-Matthieu, nous vous proposons deux versions très différentes : celle de John Nelson à la Basilique Saint-Denis près de Paris, et celle de Georg Christoph Biller à l'église Saint-Thomas de Leipzig, celle-là même dont Bach fut maître de chapelle pendant plus de 20 ans, de 1723 à sa mort en 1750. C'est pour cette église qu'elle fut composée, et par son chœur d'enfants qu'elle fut d'abord interprétée. Ici, le jeune Thomanerchor rejoint le Gewandhaus de Leipzig pour interpréter ce chef-d'œuvre de Bach.
À la même époque, Haendel compose un oratorio intitulé Le Messie, et qui raconte la vie de Jésus d'après la Bible, en particulier sa résurrection. C'est une œuvre gigantesque, rarement jouée en entier. Plutôt que de vous proposer une version intégrale de l'œuvre, nous avons choisi de diffuser une master class menée par Simon Carrington, qui fait répéter les magnifiques chœurs de cet oratorio. Spécialiste de la musique de Haendel, Carrington explique en un peu plus de deux heures d'interviews et de master classes toute sa vision de l'œuvre du compositeur.
La symphonie n°2 de Mahler, « Résurrection », est un cas particulier dans cette sélection. Mahler n'y fait jamais de référence directe à la résurrection de Jésus-Christ. Pourtant, il fait directement allusion à la résurrection, qui est une croyance fondamentale de la religion chrétienne et à laquelle Mahler s'est converti. Nous vous proposons ici plusieurs versions de cette deuxième symphonie, pas parce que nous n'avons pas su nous décider, mais parce que nous avons voulu vous proposer le maximum de versions de référence de l'œuvre. Celle de Claudio Abbado tout d'abord : c'est avec cette partition que le chef d'orchestre fit ses premières armes devant le London Symphony Orchestra et les Wiener Philharmoniker à Salzbourg alors qu'il n'avait que trente-deux ans. Féru de la musique de Gustav Mahler, Claudio Abbado dirigea à la fin de sa carrière un cycle de concerts dédié au compositeur. La plupart d'entre ces concerts eurent lieu au Lucerne Festival (c'est le cas de ce concert-ci). Il faut noter que parmi ses nombreuses réalisations, Claudio Abbado fonda un orchestre de jeunes qu'il baptisa Gustav Mahler Youth Orchestra. Celle de Pierre Boulez, ensuite : le chef d'orchestre et compositeur français n'est pas moins lié à l'œuvre de Mahler, puisqu'il a lui aussi enregistré une intégrale des symphonies du compositeur, entamée dans les années 1990 chez Deutsche Grammophon et achevée une dizaine d'années plus tard. Dans cette version que nous vous proposons de découvrir, la soprano superstar Diana Damrau chante aux côtés de Petra Lang et de la Staatskapelle Berlin. Vous découvrirez également les versions de Riccardo Chailly, d'Alan Gilbert (qui dirigea la symphonie à New York en hommage aux victimes des attentats du 11 septembre), et une archive exceptionnelle de Georg Solti, grand spécialiste de Mahler dans les années 1960.
Très influencé par les légendes médiévales, Richard Wagner crée son Parsifal à Bayreuth, en 1882. Son intrigue est très largement liée au Graal et à sa quête, un thème récurrent dans la littérature du Moyen-Âge. Le Saint-Graal, d'après la Bible, est cette coupe dans laquelle Jésus aurait bu lors de la Cène. Dans ce documentaire de Tony Palmer, Plácido Domingo parle de l'un des opéras les plus réussis de Wagner. En prime, vous y verrez de nombreux extraits de l'opéra interprétés par le ténor lui-même, Violeta Urmana, le chef d'orchestre Valery Gergiev, et une toute jeune Anna Netrebko !
Quant à Cavalleria rusticana, son intrigue se déroule un dimanche de Pâques, et on assiste dans cette mise en scène de Giancarlo del Monaco à des processions telles que l'on peut en voir en Sicile. Magistral !